Calligraphie

La calligraphie, bien qu’ayant partie liée avec l’écriture, se sert de cette dernière comme support de création sans vraiment se soucier de ses fonctions normales de diffusion et communication. Par ses pleins et ses déliés, par l’intensité de sa couleur, par son rythme, elle exprime via le pinceau la sensibilité de son auteur.

L'écriture chinoise

Car la calligraphie sait jouer de toutes les nuances. L’encre, épaisse ou fluide, employée en touches légères ou grasses, vives ou alanguies, s’imprègne différemment sur le papier et sur la soie. Chaque paramètre est exploité au plus juste par l’artiste qui, par les champs de force et de tension qu’il élabore au sein des caractères, tente en bout de course de mettre en harmonie sa création plastique et la création universelle, son art et l’énergie du cosmos.

Si depuis qu’elle est née l’écriture a toujours prêté une attention à son esthétique, sans pour autant renier sa vocation fonctionnelle, on date généralement de l’époque Han (206 av. J-C - 220 ap. J-C) sa dissociation avec la calligraphie définie comme utilisation consciente et délibérée de l’écriture à des fins purement plastiques. La Chine, dirigée par le gouvernement des lettrés, voit alors apparaître des maîtres calligraphes, des théoriciens, des critiques, des amateurs, à tel point que toute l’élite politique et intellectuelle du pays, fonctionnaires, poètes, administrateurs, princes et même empereurs, font montre de leur maîtrise dans cet art.

L’engouement résistera à l’égrenage des dynasties et laissera à l’histoire de l’art des noms aussi célèbres que ceux de Mi Fu (1051-1107), Zhao Mengfu (1254-1322), Dong Qichang (1555-1636) ou plus récemment Yu Youren (1879-1964). Mao Zedong lui même ne répugnait pas à faire valoir ses talents dans cet art. Forme d’une forme pourrait-on dire, en ce que l’écriture sur laquelle elle prend appui est elle-même déjà une codification formelle, la calligraphie introduit dans l’art pictural une dimension temporelle absente de la peinture.

Apprécier la calligraphie

Là, où un paysage s’appréhende en un seul bloc pour le spectateur ainsi immergé, la calligraphie, elle, se dévoile lentement, au fil de la lecture, qui parfois se résume à une simple contemplation esthétique tant la graphie déforme le caractère qu’elle est censée reproduire. Le plus subtil des arts chinois nécessite donc, pour le comprendre, un solide bagage théorique et linguistique. Grâce à la connaissance de nos trois experts, Carré Rouge est à même d’estimer gratuitement.